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Photo du rédacteurCarole Besson

L'art de la mémoire ...

"Le sentiment manipule les souvenirs. Nous naissons ignorants dans l'art de les faire apparaître ou disparaître. Nous ne savons pas ce qui produit le retour inopiné de tel ou tel épisode de notre vie dans notre mémoire, nous ignorons le chemin que se fraye le souvenir dans son apparition, et nous ignorons aussi, par conséquent, le moyen de le chasser s'il est là et qu'il nous importune. Un art de la mémoire moderne ne serait pas l'art de se souvenir des diverses parties d'un discours, comme c'était le cas dans l'Antiquité, ni non plus l'art de commémorer des choses anciennes, ni davantage quelque chose qui fait un éloge de l'oubli, mais une astucieuse manière d'user du souvenir pour le faire agir sur le présent. C'est certainement là ce qu'il y a de plus décisif dans la psychanalyse car, en un sens, elle est effectivement un art de la mémoire. (...) C'est un art, en tous cas, que de susciter les justes souvenirs. Car ce ne sont pas à des évènements morts que la pensée s'attache en s'attristant ou se réjouissant, mais au contraire à des évènements vivants et palpitants en elle. La mémoire gouverne ainsi notre comportement et tu peux dire que ta vie aurait pu être toute différente si, en telle occasion, tu avais pu manipuler ta mémoire de telle sorte que, éveillant d'autres souvenirs, elle te conduise à d'autres actions. Si par exemple, dans une situation décisive, un certain remords s'insinue dans ta pensée, tu te trouves en face d'une occasion de saisir la signification du mot "remords" à travers son symbolisme grammatical. Le remordre est la réitération de la morsure, le "sentir encore une fois" la morsure. Le passé mordant le présent. La mémoire est une chienne qui tient dans sa gueule les images de ta vie passée. Elle te les ramène, contente d'elle même et en remuant la queue. Et cependant ses captures sont parfois inopportunes. Le remords est le nom que nous donnons à ce que nous ne supportons plus dans notre passé. Nous voudrions n'avoir jamais été que le meilleur de nous-mêmes, et il nous faut cependant supporter également d'avoir été le pire. En cela consiste l'art de la mémoire : se souvenir efficacement du meilleur et écarter le pire."

Pascal Nouvel - Conversation avec mon clone sur la passion amoureuse



Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux où nous étions amis. En ce temps-là la vie était plus belle, Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Tu vois, je n'ai pas oublié... Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, Les souvenirs et les regrets aussi Et le vent du nord les emporte Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois, je n'ai pas oublié La chanson que tu me chantais. {Refrain:} C'est une chanson qui nous ressemble. Toi, tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants désunis. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, Les souvenirs et les regrets aussi Mais mon amour silencieux et fidèle Sourit toujours et remercie la vie. Je t'aimais tant, tu étais si jolie. Comment veux-tu que je t'oublie ? En ce temps-là, la vie était plus belle Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui. Tu étais ma plus douce amie Mais je n'ai que faire des regrets Et la chanson que tu chantais, Toujours, toujours je l'entendrai !

Chanson les feuilles mortes - Yves Montand





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